Déroulement
d'une étude
La prospection géopédologique
Compte tenu de la variabilité des sols au sein-même d'une appellation
ou d'un domaine, un sondage à la tarière n'est
pas toujours décisif. La prise d'information se doit d'être rapide, sur
quelques
paramètres simples, afin de multiplier les observations dans le
vignoble. C'est en reliant judicieusement ces points de sondages que
l'on dessine
une carte de sol valable.
Pas besoin de matériel très couteux ou
encombrant, ce qui compte avant tout, c'est de comprendre le contexte
géologique et les évolutions pédologiques associées. En d'autres
termes, il s'agit de repérer les principales roches-mères, leur
répartition et les types de sols qui s'y rapportent.
A la
base d'une carte de sol, il y a toujours une solide prospection de
terrain, c'est en tout cas, ce en quoi nous croyons.
Pour cela, nous procédons à de nombreux sondages à la tarière et
observations de surface dans les parcelles et le long de leurs bordures.
C'est ici que l'œil
du cartographe est primordial, il faut prêter
attention à tout: au moindre changement de topographie, de pierrosité,
ou de couleur de terre, à la disposition du bâti et des routes, à la
présence de murs et de systèmes de drainage.
Le type de végétation alentour et l'allure des
vignes elles-mêmes nous donnent également des indications.
Il
ne s'agit donc pas de 'percer' le sol selon une maille carrée mais de
choisir de façon pertinente ses emplacements de sondages. En
permanence, il est nécessaire d'imaginer ce qui se cache en
profondeur, en laissant toutefois la place aux découvertes et surprises.
Dans cette collecte d'information qu'est la prospection à la tarière,
nous choisissons de
ne pas multiplier les intervenants: plusieurs paires d'yeux, ce sont
autant d'interprétations différentes.
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Comme le
savent tous ceux qui parcourent les vignes, qu'ils soient viticulteurs,
vendangeurs ou simples promeneurs, l'aspect de surface est très
variable. Au sein d'une appellation ou même d'un domaine, on peut
rapidement passer d'un sol sans cailloux à un sol très pierreux, d'une
terre brune-rougeâtre à des teintes grises-jaunes ou encore de terrains
argileux à d'autres plus sableux.
La plupart du temps, les changements en surface sont progressifs,
d'autant que les défoncements et le
travail du sol homogénéisent le premier horizon.
Sans oublier qu'un aspect différent en surface n'implique pas
systématiquement un changement de substrat en profondeur et vice versa.
C'est là toute
la difficulté d'une cartographie de sols.
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Outre sa tarière
et son marteau, le géo-pédologue utilise dans cette 'enquête' d'autres
appuis. En premier lieu, l'acide
chlorhydrique (dilué !!) qui réagit en présence de carbonate de calcium
CaCO3. S'il
y a effervescence au contact de la terre (ou de la roche), c'est que le
pH est neutre ou basique.
C'est une béquille dont on ne peut se passer
tant les surprises sont courantes: des roches calcaires avec des
inclusions qui ne le sont pas (silex par exemple), des sols
décarbonatés issus de roches calcaires ou bien même, des roches
magmatiques ou métamorphiques recarbonatées (épigénisées) !
Malheureusement, ce test rudimentaire ne permet de tirer aucune
conclusion sur le taux de calcaire actif ou le pouvoir chlorosant.
L'analyse en laboratoire reste indispensable dans ce cas.
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Nous
utilisons également sur le terrain un petit réactif qui donne une
indication (pas une mesure précise) du pH de la terre. Il s'avère bien
utile dans le cas
de sols acides, voire très acides.
Un autre paramètre intéressant à relever est la couleur d'un sol. Il
s'agit de comparer la couleur de la terre à un nuancier (ici la
Charte Munsell), pour
chaque horizon rencontré et de noter à quel code elle correspond.
De cette façon, quelle que soit l'heure de la journée, la luminosité et
qui que soit l'observateur, il a un outil de référence sur lequel
s'ajuster.
Les couleurs du sol sont parfois directement héritées des matériaux
géologiques (couleurs lithologiques). Elles peuvent aussi être issues
de l'évolution pédologique du sol ou de l'hydromorphie (bariolages).
Suivant l'état d'oxydation du Fer, la terre sera par exemple, rouge,
rousse, grise ou même bleutée.
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