Nos références
Les sols de la Combe de Savoie
Le
vignoble savoyard compte près de 2200 hectares, répartis sur les
départements de Savoie et Haute-Savoie pour l'essentiel, mais aussi
plus discrètement en Isère et dans l'Ain. L'étude des sols s'est
d'abord intéressée
au pourtour du massif des Bauges, le long de la vallée de l'Isère
(Combe de Savoie) à laquelle s'ajoute une partie de la Cluse de
Chambéry avec Chignin.
Entouré de sommets dépassant les 2000 mètres, les ceps de vigne ne
franchissent cependant pas les 550 mètres et restent pour l'essentiel
entre 300 et 450 mètres d'altitude en position de pieds de coteau.
De St-Jeoire-Prieuré à Fréterive, les expositions principales vont de
Sud-Ouest à Sud-Est et les pentes varient entre 0% et 50%.
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Entre Belledonne et
Bauges, le large sillon de la Combe de Savoie et la cluse de Chambéry
entre Chartreuse et Bauges, ont été entaillés par le passage des
glaciers, lors des dernières dizaines de millénaires. La vigne se
cantonne aux versants les plus ensoleillés de la rive droite de l'Isère.
Le massif des Bauges appartient aux Préalpes calcaires au même titre
que la Chartreuse ou les Bornes. Il forme une puissante ossature sur
laquelle viennent s'appuyer des formations superficielles récentes
(Quaternaire).
Les emblématiques barres calcaires du Tithonique et de l'Urgonien
structurent le paysage de leurs escarpements et crêtes abrupts. On
retiendra les plis majestueux de la Savoyarde (Chignin/Montmélian) ou
de l'Arclusaz (St Pierre d'Albigny), pour ne citer que les plus connus
et les plus visibles depuis la plaine. C'est à la formation de la
chaine alpine que l'on doit ces plis, failles et autres charriages. La
succession et l'inclinaison des couches marno-calcaires du Jurassique
ou du Crétacé, est bien plus perturbée que dans d'autres vignobles de
régions calcaires comme la Bourgogne ou le Jura. Le contexte montagneux
induit une complexité structurale du squelette rocheux ancien. Et
contrairement aux autres vignobles sus-citées, c’est l'histoire très
récente des montagnes et des glaciations qui a joué le plus grand rôle
sur les sols.
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L'époque glaciaire
est à l'origine des reliefs que nous connaissons actuellement. Les
glaciers ont lors de leurs avancées successives, creusés et rabotés les
sols et les roches. Depuis leur retrait dans les hautes vallées
savoyardes, ils ont abandonné ici et là leurs moraines ainsi que
d’autres dépôts glaciaires variés. Les versants mis à nu après la fonte
glaciaire ont été, et sont toujours soumis à une forte érosion,
notamment gravitaire: éboulement, glissement, coulées torrentielles, ...
Les glaciations ont donc rajeuni les terrains et fait disparaitre toute
évolution poussée des sols. La variabilité des sols de la Combe de
Savoie réside donc dans la diversité des formations superficielles
plutôt que dans la différentiation ‘’pédologique’’ des sols.
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A
Fréterive ou St Pierre d'Albigny, les cônes torrentiels dominent
largement. Provenant des contreforts de l'Arclusaz, leur charge en
cailloux (en majorité des calcaires schisteux sombres) varie et la
matrice peut être sableuse, plus limoneuse, parfois même
argilo-limoneuse, souvent brun très sombre. Au sein d'un même cône, les
niveaux fins et grossiers s'interpénètrent selon les divagations
anciennes du chenal à sa surface. Leur teneur en calcaire varie
fortement, de 0 à 40%...
A Chignin, Montmélian, Arbin et Cruet, certaines vignes, souvent les
plus pentues, sont directement influencées par les escarpements
calcaires qui les dominent. Les éboulis/éboulements très caillouteux et
chaotiques tapissent les pieds de coteaux. Dans ces terrains chargés
d'éléments grossiers, parfois presque sans terre fine, très aérés, les
recarbonatations sont fréquentes : (le calcaire se redépose entre les
cailloux). La rare terre fine peut être noire, beige ou rougeâtre selon
les cônes d’éboulis, et souvent très riche en calcaire (parfois plus de
60% de total et 20% d’actif).
Dans ces deux types de terrains, les racines des vignes descendent très
bien entre les cailloux, jusqu’à plus de 2 mètres.
Dans les deux familles qui suivent, cette descente racinaire est plus
difficile: |

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A St Jeoire, Chignin et Cruet, quelques buttes ou collines sont
constituées de dépôts purement glaciaires, bien souvent des moraines de
fond, à matrice calcaire et limono-sablo-argileuse. Ces terrains sont
très reconnaissables, par leurs cailloux émoussés de toutes origines,
non seulement calcaires mais aussi cristallines ou siliceuses. Ils sont
toujours très compacts en profondeur, calcaires et leur profondeur
utile varie fortement et rapidement : de 50cm en haut de pente à plus
de 1.50m en bas de pente.
Enfin quelques sols semblent bien dériver directement de l’altération
de rocher calcaires durs en place) à Chignin, Cruet ou St Jean de la
Porte : ces sols, souvent assez rouges, sont
alors, paradoxalement, parmi les moins calcaires et les plus argileux
du secteur car ils sont constitués d’argiles de ‘’décarbonatation’’.
Ces argiles sont souvent très bien micro-structurées et restent
perméables.
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En mai 2011 puis en mars
2012, 43 fosses pédologiques ont été creusées entre les rangs de vigne.
Ces ouvertures de profils de sol s'accompagnent pour l'instant de près
de 500 observations et sondages à la tarière. |
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